Petite balade sur les crêtes du Jura, au massif de La Dôle en l’occurrence, le 12 novembre 2016 après une récente et durable chute de neige.

Les effets les plus spectaculaires qui apparaissent après la tempête sont dus au givrage. Ce phénomène est essentiellement actif à proximité des crêtes montagneuses isolées et situées à une altitude suffisamment élevée. Trois conditions doivent être réunies pour que la magie s’opère. Un vent soutenu et peu variable en direction, un site durablement pris dans la masse nuageuse, des températures négatives. Ces trois paramètres ont été réunis les 9 et 10 novembre 2016 au cours d’un épisode exceptionnellement précoce.





Le givrage recouvre toutes les aspérités qui se trouvent face au vent. Les épicéas qui s’accrochent à proximité immédiate de la crête y sont particulièrement exposés, ils offrent alors des postures toutes plus artistiques les unes que les autres, figés dans un écrin scintillant et protecteur à la fois.







En contournant un obstacle, le vent parcours une distance plus importante ce qui a pour effet d’en accélérer le flux. (Principe de l’aile d’avion). Les perturbations ainsi générées par ces frêles épicéas engendrent une turbulence suffisante pour empêcher le manteau neigeux de se constituer à proximité de leur environnement immédiat, voire même d'arracher celui qui avait pu s'y déposer précédemment par vent faible.





Le givrage laisse des indices derrière lui, telle que la direction du vent qui l’a construit. Il se forme face à lui, grandissant centième de mm après centième de mm, la dimension des gouttelettes à l’état liquide qui se congèlent instantanément en frappant n’importe quel obstacle. Un nuage est constitué de minuscules gouttelettes qui restent à l'état liquide jusque vers -15 à -20°, et qui se congèlenent instantanément à la moindre collision avec un obstacle solide. A basse altitude, un phénomène d’une telle ampleur est impossible, car le brouillard givrant n’y existe que par temps calme. On observe simplement, après plusieurs journées de brouillard givrant, des paillettes très fragiles d’1 ou 2 cm ornant les fils des clôtures et les branches d’arbres, un magnifique et éphémère spectacle aux premiers rayons de soleil.







Même les blocs rocheux n’échappent pas à ces dépôts, un véritable crépissage qui en haute montagne parvient à recouvrir les parois les plus verticales après la tempête.



Des sentinelles immaculées et les Alpes en toile de fond, un univers en bleu et blanc, exclusivement.







Si inhospitalier et sévère soit-il, cet environnement n’en exclu pourtant pas la vie. Ceux-là semblent pourtant si indifférents, n’en doutons pas pour l’espèce en question.